Scénario n°1 : Une Arrivée Mouvementée

Dryness Mountains Nombre de messages : 326 Date d'inscription : 25/03/2007

Freedom Creek…

Ce nom résonnait dans la tête de la plupart des gens qui attendaient patiemment leur répartition. Professeurs, élèves, personnel divers, ils avaient tous des rêves, des attentes pour avoir parcouru des milliers de kilomètres afin d’atteindre l’île. Ils étaient tous différents, leurs cultures étaient mélangées en un rassemblement grouillant mais pourtant silencieux. Ils restaient tous immobiles et le vent chatouillait lentement les cheveux de chacun. La brise était calme et le climat tempéré. Bizarrement, le trajet effectué semblait moins long que ces quelques secondes où on leur annoncerait leur destination, leur nouvelle vie. Ils avaient tout quitté : familles, amour, amis, …, ils étaient seuls à présent.

Et c’est à travers cette angoisse muette, cette peur présente, cet espoir tant espéré, que s’avança, sereine et heureuse, la Directrice de Freedom Creek, Alysson accompagnée des trois autres. Toutes quatre étaient bien opposées.

Alysson semblait douce mais forte, une véritable battante. Un joli blond cendré relevait ses traits bronzés, ses grands yeux verts, sont teint mielleux. Elle était celle qui avait réunie les trois autres, elle était la base des quatres, le point de retenu.
Celle de Flowried Hills, Fanny, affichait un air quelque peu naif, presque candide sous sa peau ivoirienne. Ses grands yeux bleus fixaient l’attroupement d’un air inquiet et ses lourdes boucles blondes contournant son visage achevaient leur tortueux chemin sur ses épaules dénudées. Elle avait une apparence de poupée.
La troisième, qui dirigeait Hurricans River, Olivia, semblait surexcitée. Elle aimait le contact des autres et était sans nul doute la plus tolérante. On la sentait pétillante, fraîche, toujours gracieuse sous ses airs de brunes échevelée. Ses grands yeux verts en alerte, fixaient la masse et elle s’amusait à détailler les personnes les plus proches d’elle.
Le dernier qui n’était pas le moindre, était le plus craint. Logan. A la tête de Dryness Mountain, son regard flottait amer et vide au dessus de l’estrade sur la faune humaine grouillant sous ses pieds. Sa bouche s’étirait lentement un en rictus de dégoût et il replaça impassible une mèche noire de ses chevaux qui venait de se mettre devant ses yeux d’un bleu outremer sans défaut.

Mais alors qu’Alysson s’approchait du micro, elle sentit un léger frissonnement sous ses pieds. Intriguée, elle s’arrêta. Celui-ci s’accélérait à mesure et elle eut à peine le temps de pousser ses trois associées que l’estrade s’écroula en un vrombissement de fin du monde. A terre, elle vit se relever autour d’elle la belle blonde, suivit de la brune fraîche. Ce fut le directeur de Dryness Mountain qui, attrapant son bras, la porta jusqu’à un rocher où il la déposa doucement. La tête lui tournait, elle avait une envie de vomir, les couleurs se fondaient en un mélange merveilleux et fictif et puis, le noir…

Ses yeux s’étaient fermés.

Bip… Bip… Bip…

« Où suis-je ? »

Sa voix encore faible résonnait dans la pièce vide. Il faisait bon, elle était dans un état de semi transe, ne sentant plus son corps. Quand tout à coup, quelqu’un traversa la pièce en quatrième vitesse.

« Ca va Alysson ? »

C’était Olivia. Elle avait perdue toutes ses couleurs et faillit secouer Alys’ si une infirmière ne l’avait pas arrêtée à temps. Se reprenant et rajustant sa coiffure ainsi que le plis de ses habits elle ouvrit la bouche pour rajouter quelque chose quand un homme arriva derrière elle et répliqua sèchement.

« Bien sûre qu’elle va bien, puisque les médecins nous l’ont dit »

Logan quand à lui, ne pouvait pas plus s’éclaircir. Il aimait les peaux douces, blanches. Très beau, peut être plus que les autres, il ne cultivait cependant pas la bonne humeur et l’amabilité. Mais il était ainsi depuis son enfance. Sa vision de la vie était unique et sa personnalité un peu extravagante. C’était ce qui avait attirée Alysson chez lui lorsqu'elle les avait réuni tous les trois.

« Oh mon Dieu ! Tu es levée ? »

Fanny venait de rentrer dans la chambre accompagnée d’un infirmier pour le moins… Wouah o_o. Alysson sourit légèrement tandis que Logan leva les yeux au ciel. Les deux ne s’aimaient guère étant complètement opposés et peu ouverts d’esprit. C’était Olivia qui tentait toujours de mettre du beurre dans les épinards entre les deux Directeurs.

« La première année ! Franchement ! Après tout ce temps de travail, il fallait qu’une secousse vienne gâcher la cérémonie d’ouverture ! Les élèves sont affolés, nerveux et ne connaissent toujours pas leur Académie ! »

Sa voix suraiguë perçait le silence tandis qu’Alysson tentait de reprendre ses esprits, malgré un mal de tête digne de ses plus grosses cuites. Elle n’arrivait à cerner qu’un mot sur deux tant Fanny parlait vite. Son amour du silence fut réprimé pendant plusieurs secondes pour éviter qu’elle ne lui balance un coussin sur la tête. Des perfusions étaient plantées dans la peau d’Alys’ qui les regardait d’un air résigné. Elle n’aimait pas être clouée au lit. Quand tout à coup, rompant la tirade mélodramatique de Fanny, Logan, qui habituellement ne perdait jamais patience s’écria.

« Mais c’est pas vrai !
Jamais capable de fermer sa bouche ! »

Reprenant une bouffée d’air il fixait avec plaisir le visage indigné de Fanny et celui craintif d’une nouvelle dispute d’Olivia. Et sans lui laisser le temps de continuer, il enchaîna.

« Ce n’était pas une secousse, j’ai vérifié auprès du département chargé des catastrophes naturelles… A la suite les chevaux dans leur box d’attente ont pris peur et les ont cabossé mais pas assez pour s’enfuir. A présent, ils sont aussi craintif que nos élèves et tout le personnel. »

Tout à coup, un autre silence s’installa dans la pièce. A présent, Alysson avait compris chacun des mots de sa phrase et ils résonnaient dans sa tête. Un long frisson parcourut le dos de la jeune fille. Et si c’était… Non, cela était impossible. Elle se leva de son lit et emplie de nausées, retira d’un seul trait les piqûres à son bras où se formèrent à la place, quelques points rouges. S’approchant de Logan pour arriver à sa hauteur, elle parla aussi fort qu’elle le put, c'est-à-dire, vraiment peu compte tenu de la dose de morphine injectée dans son sang.

« Comment ça pas une secousse… Ca a tremblé non ?
Bordel je l’ai senti, ça a tremblé ! »

Comme l’été et l’hiver, ils étaient en total paradoxe et pourtant, c’était à lui que Alys’ avait confié ses découvertes à propos de l’îles. Les autres en avaient ouïes quelques bribes, des flots de paroles. Mais elle l’avait dit à Logan car c’était le seul qui ne parlait jamais, qui préférait plutôt écrire et penser. C’était le plus discret et surtout, celui qui possédait le plus grand sang froid. Mais un côté sombre chez lui l’effrayait parfois. Il était capable d’une méchanceté que les deux autres ne s’imaginaient pas. Il pouvait accomplir le pire et s’enfonçait chaque jour un peu plus dans les ténèbres obscures de ses pensées. Si elles n’étaient pas là autour de lui, Logan ne serait déjà plus le même. Elle l’attrapa par le col de sa veste.

« Mais répond moi ! »

Les médicaments mélangés au stress, Logan put facilement faire croire aux deux autres que Alys’ délirait, qu’il fallait la laisser seule, et qu’il resterait à son chevet. Après quelques minutes et une fois seuls dans la pièce, Logan parla pour dire ce qu’Alys’ redoutait le plus d’entendre.

« Tu t’en doutes comme moi… Toi aussi tu l’as lu… »

Et c’est dans le silence impénétrable de la chambre grise de l’infirmerie que le secret fut à nouveau dévoilé. Cela s’était déjà produit il y a plus de cent ans, et la malédiction de l’île pourrait à tous moment se réveiller. Mais ça, ils ne voulaient y croire, c’était impossible. Il fallait donc trouver une manière rationnelle d’expliquer tout ça.